accueil
artistes
catalogue
contact
panier
shiiin
charlemagne palestine the golden mean
charlemagne palestine - the golden mean
charlemagne palestine - the golden mean
charlemagne palestine - the golden mean
charlemagne palestine - the golden mean   charlemagne palestine - the golden mean   charlemagne palestine - the golden mean
shiiin 2  CD  2006 acheter
the golden mean
pour deux pianos bösendorfer imperial

01 part 1 26’ 12’’
02 part 2 14’ 25’’
durée totale 40’ 37’’

chapelle de la sorbonne, paris - 2 novembre 1979 - festival d’automne
enregistré part radio france pour une émission de daniel caux diffusée par france culture
dans le cadre de l’atelier de création radiophonique
mastering : jean-françois pontefract
remerciements : béatrice montoriol, alain crombecque, joséphine markovits

for full harmonics, play this record loud

édition limitée à 1000 exemplaires numérotés
100 exemplaires de tête numérotés de 1 à 100 signés par charlemagne palestine
pochette en velours froissé disponible en 5 coloris (violet, marron, gris, jaune, rouge)
livret
part 1
begins on middle c each piano every so slowly sounding this tone first one piano then the other soooo slowly then gradually gradually a little stronger a little faster but everever sooo gradually all the overtones ringing and singing amazing how just two repeated middle c's can have so many ever changing rich little cascading voices behind them then the middle c# is also added little by little creating the interval of a minor second between with beating and beating and overtones beating and beating then the middle d is introduced smoother less sharp and dissonant the major second rich and reinforcing one with the other and their overtones less strident than before a collaborative resonant interval a sing-song then the d# is introduced creating a minor third some say melancholy is the ringing of the minor third soon the middle e the major third arrives brighter more triumphant and jolts and battles with our minor third each pulls its sonic punches minor major minor major and finally major holds on and minor retreats and soon our old major second comes to greet major third and they dance the majors dance such a vibrant and victorious sound but soon the middle f arrives and gradually the majors give up their dancing to let the middle f and the interval of the perfect fourth clang in it's perfection and resolution but this perfection will not last and the devil arrives the f# brings the dreaded tritone the devil's interval is here and all balance and harmony are in confusion it clangs its famous dies irae and ends the first section

part 2
we begin with one piano that plays middle c while the other plays the c one octave higher this time the c is lighter and the 2 octaves have overtones that meet in the middle and rise upwards soon the upper c meets a b creating a higher minor second descending much different that the minor second of the first section but the middle c revisited the c# and we have ascending and descending minor seconds undulating together which leads to the higher minor second descending to a major second bb and the middle c ascending to the major second d creating a smoother and jollier high-low sing-song then 2 minor thirds one descending from above the a and the other ascending from below the d# a melancholy augmented chord feeling that continues until the majors arrive though this time one descending from above the ab and the other ascending from below the e again we feel an augmented chord feeling but this time brighter and sunnier and more optimistic and then from above we hear a perfect fourth the higher c with the middle g and from below the middle c to the middle f create a beautiful sonorous chord of cfgc' which gets to dance and sing for a very short luvly time because here comes 2 devils the tritone middle c -middle f# and the higher c middle f# who dance their devilous prance like little children hand in hand round and round singing dies irae dies illa solvet saeclum in favilla and then the devils fade away and fade away and fade away and fade away

charlemagne palestine


à la chapelle de la sorbonne, le pianiste aux cheveux bouclés et à la silhouette bien reconnaissable s’est assis, face au public, entre les claviers de deux grands pianos à queue bösendorfer imperial dont il a pris soin, auparavant, de bloquer la pédale forte pour relever les étouffoirs. son nom est charlemagne palestine. après s’être concentré quelques instants, il écarte les avant-bras et avance ses mains, l’une au-dessus du clavier de droite et l’autre au-dessus de celui de gauche. lorsque, pour commencer, une seule et même note égrenée ne s’élève que peu à peu au-dessus du silence et que seulement au bout d’un long moment affleurent enfin les premiers accords, une image fantasmatique s’impose irrésistiblement dans notre esprit conduit à la méditation : celle de la naissance, à l’aube de l’humanité, de l’assemblage harmonieux de sons auquel certaines civilisations donneront plus tard le nom de musique…

les longues résonances provoquées par la frappe de plus en plus insistante d’octaves et d’accords précisément choisis sur les claviers des deux pianos vont entretenir un continuum sonore ininterrompu duquel vont émerger, d’un instrument à l’autre et dans un registre élevé, d’étranges fréquences appelées harmoniques au fort pouvoir hypnotique. il est saisissant de constater de quelle façon nous sommes vite amenés, dans notre écoute, à mettre au second plan la frappe des doigts sur les touches pour mieux nous concentrer sur le jeu dans l’espace des ondes sonores que celle-ci engendre.

répétitive mais d’un rien irrégulière et avec même parfois un zeste d’asymétrie, cette frappe particulière, qui est un des apanages de l’art pianistique de charlemagne palestine, se détourne de toute notion de quadrillages rythmique qui sectionnerait le temps de fâcheuse façon et empêcherait l’auditeur de s’abandonner entièrement à la magie des longues résonances. on ne s’étonnera pas qu‘après avoir chanté à la synagogue, charlemagne palestine, né en 1945 à brooklyn, ait été durant six ans, parallèlement à ses études musicales et artistiques, carillonneur à l’église épiscopale saint thomas à new york : une expérience qui l’a beaucoup marqué. on pourra être surpris, en revanche, que son goût pour la transparence et la fluidité des ondes sonores se conjugue avec celui qu’il garde, d’une façon tout aussi vive, pour les « nounours » dont il aime s’entourer. « lorsque j’étais enfant, explique-t-il, ces peluches me rassuraient, me protégeaient du monde extérieur.  c’est la raison pour laquelle je les armais parfois de fourchettes et de couteaux… » 

alchimiste minimaliste des résonances sonores, charlemagne palestine est aussi un des plus importants artistes de la performance new-yorkaise. il y a, à cet égard, quelque chose d’héroïque et même de shakespearien dans la mise en représentation du personnage qu’il s’est choisi. ainsi, peut-on le voir s’avancer à petits pas vers la scène, un éternel verre de cognac à la main et le dos voûté. «pour ressembler à quasimodo, le sonneur de cloches de notre-dame », s’amusera-t-il à nous confier… mais qu’importe : dès que ses doigts se posent sur les touches d’ivoire, c’est très vite qu’il nous emporte avec lui dans son désir sans cesse relancé de s’accorder à la vibration fondamentale de l’univers.

daniel caux
presse
c’était dans la lumière orangée et irréelle de la chapelle de la sorbonne lors d’un festival d’automne. j’étais un spectateur parmi les spectateurs. charlemagne jouait simultanément de deux pianos bösendorfer, une main sur chaque clavier, face au public, pianotant avec une régularité évolutive impressionnante sa « strumming music » (ce que l’on pourrait traduire par « musique frappée »). l’atmosphère semblait incroyablement recueillie. en réalité, une évidente tension parcourait la salle. dès cette époque, pour moi - et j’imagine pour une grande partie du public -, l’idée que quelque chose tenant du sacré habitait cette musique apparut évidente ; mais, était-ce le lieu ? - il s’agissait d’un sacré déplacé, inadéquat, pour tout dire bizarre, éloigné en tout cas de tout religieux donné monnaie comptant (la solution dieu, le sens de la vie en kit mystique, la récompense dans l’au-delà…). une sorte de malaise flottant doublait l’ivresse de l’écoute. et ce malaise s’incarnait dans la présence fascinante de charlemagne, assis entre ses deux pianos, frappant frénétiquement leurs touches dans un flux sonore continu…

arnaud labelle-rojoux - extrait de « l’acte pour l’art »


à la recherche du son d’or – vertigineuse, excessive et extatique, l’œuvre phonographique de charlemagne palestine, pionnier du minimalisme, est en passe d’être complétée par une remarquable performance française.

philippe robert - mouvement